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Aquaculture et impacts sur l'environnement

Dernière mise à jour : mai 2023

 

 

La consommation actuelle des produits de pêche et d’aquaculture au niveau mondial s’élève à 20,3 kg par habitant et par an. À l’horizon 2050, avec une population mondiale qui devrait atteindre 9 milliards d’individus, si l’on veut maintenir le même apport de protéines d’origine aquatique que celui d’aujourd’hui, les estimations tablent sur :

  • une stagnation des captures de pêche au niveau actuel (90,3 millions de tonnes), sous réserve que les mesures mises en œuvre évitent l’effondrement des stocks.
  • le doublement de la production aquacole.

Si l’aquaculture apparaît comme un secteur prometteur pour l’alimentation humaine, il n’en reste pas moins que ce secteur doit faire face à de nombreux enjeux. L’aquaculture est amenée à jouer un rôle de plus en plus important dans le futur, mais de nombreux paramètres sont à prendre en considération pour que ce secteur s’inscrive dans un mouvement durable à la fois au niveau environnemental, économique et social.

L’aquaculture est aujourd’hui le secteur de production alimentaire dont la croissance est la plus rapide. Ce secteur représente à l’heure actuelle la source de 56 % de toutes les espèces aquatiques commercialisées pour la consommation humaine à travers le monde.

 

 

Les élevages en Europe sont réglementés par un ensemble de mesures législatives nationales et communautaires dans le domaine environnemental et sanitaire. Les produits finis, élevés hors UE, doivent répondre aux normes sanitaires européennes afin de pouvoir y être importés. Les élevages pratiqués hors UE ne sont en revanche pas soumis aux mêmes normes (environnementales, santé animale…) de production que celles pratiquées au sein de l’UE.

 

 

PISCICULTURE EN MILIEU NATUREL

En eau de mer : saumon, truite, cabillaud, flétan, bar, daurade royale, maigre… L’élevage se pratique dans des cages flottantes ancrées sur le fond marin dont les parois sont constituées de filets ; le poisson est élevé dans le milieu naturel. Les élevages sont généralement situés dans des zones à l’abri des vagues et des intempéries, mais où la combinaison profondeur et courant permet d’assurer une bonne oxygénation et l’élimination des déchets. En France, l’espace côtier est de plus en plus convoité par différents acteurs économiques (tourisme, occupation résidentielle, activités nautiques…). Cette concurrence aiguise les conflits d’usage entre les différents secteurs d’activité et limite le développement de l’aquaculture. De nouveaux types d’élevage sont en cours de développement : au large en mer (off shore) ou bien circuit fermé ou semi fermé à terre (la technique est déjà maîtrisée pour les élevages de turbots, truites, sérioles, bars, saumons et les écloseries).

En eau douce : carpe, brochet, omble chevalier, truite… Les espèces sont élevées soit en étang, soit en cage (les cages sont fixées au fond d’un fleuve ou d’un lac ou attachées à la rive). Dans les deux cas (en eau de mer ou eau douce), le niveau de production de poissons est conditionné par la qualité de l’eau, les courants et des réglementations environnementales locales, le cas échéant.

 

La qualité des élevages et le caractère durable des pratiques de production varient selon :

  • l’exploitation 
  • la réglementation environnementale en vigueur dans la zone géographique.

En fonction de l’espèce, des données géographiques et socioéconomiques, différentes méthodes d’élevage sont pratiquées.

En milieu terrestre ou marin, on peut distinguer :

  • l’élevage extensif : faible densité d’animaux et pas (ou peu) d’apport alimentaire 
  • l’élevage semi-intensif : densité moyenne d’animaux et apport alimentaire 
  • l’élevage intensif : forte densité d’animaux et alimentation exclusivement sous forme d’intrants associés à des moyens de gestion des risques élaborés.

Des stratégies et des codes de bonnes pratiques permettent de minimiser les impacts sur l’environnement et d’élever les poissons d’une façon responsable et durable. Des systèmes d’aquaculture intégrée se développent : ces systèmes sont basés sur la production de phytoplancton ou d’algues pour valoriser les substances rejetées par les élevages, en y associant des espèces de filtreurs (huîtres, moules et autres mollusques…)

 

IMPACTS SUR L'ENVIRONNEMENT

Ces techniques d’élevage peuvent entraîner :

  • une pollution des fonds par les fèces et les aliments non consommés qui peuvent s’accumuler en dessous des cages d’élevage dans le cas de sites inappropriés ou de non respect des bonnes pratiques d’élevage 
  • l’apparition de parasites, de maladies qui peuvent affecter les populations sauvages à proximité (l’inverse est également vrai) 
  • une pollution des eaux par l’utilisation de traitements vétérinaires contre les maladies et parasites, en cas de mauvaises pratiques 
  • un risque de compétitivité alimentaire et de pollution génétique des poissons d’élevage échappés des cages avec les populations sauvages 
  • les enjeux liés aux aliments fabriqués à partir de poissons sauvages 
  • une pollution liée à l’utilisation de produits antifouling sur les filets des cages

 

PISCICULTURE EN BASSIN A TERRE

En eau douce : anguille (grossissement), truite, esturgeon, tilapia, panga, saumon juvénile…

En eau de mer : bar, daurade royale, turbot…

Les poissons grandissent dans des bassins d’élevage (remplis d’eau douce ou d’eau de mer selon l’espèce). Certains élevages sont équipés d’un système à écoulement dans lequel l’eau n’est utilisée qu’une seule fois (système ouvert) alors que d’autres disposent d’un système qui recycle l’eau ; l’eau est filtrée, purifiée et réoxygénée en continu (circuit fermé ou système recirculé, selon la quantité d’eau neuve ajoutée dans le système).

 

IMPACTS SUR L'ENVIRONNEMENT

Ces techniques d’élevage peuvent entraîner :

  • une pollution directe par les aliments non consommés et par les fèces dans les eaux usées, pouvant entraîner une eutrophisation du milieu naturel 
  • la diffusion accidentelle de germes pathogènes dans le milieu naturel. L’inverse est vrai également : les piscicultures, où les poissons sont observables en nombre, servent souvent de révélateur à une contamination du milieu (maladie ou pollution) 
  • une pollution des eaux par l’utilisation de traitements vétérinaires contre les maladies et parasites, en cas de mauvaises pratiques 
  • une consommation importante d’énergie dans le cas de circuit fermé, mais qui tend à diminuer avec le développement de circuits fermés à basse consommation d’énergie 
  • les enjeux liés aux aliments fabriqués à partir de poissons sauvages 
  • la capture de juvéniles en milieu naturel (cas de l’anguille dont la reproduction n’est pas maîtrisée).

Cette méthode d’élevage offre, par rapport au système de cage en milieu naturel, l’avantage de pouvoir traiter les effluents, si nécessaire, et de limiter l’échappement de poissons. Des systèmes éco-énergétiques sont utilisés et le recyclage est valorisé.

 

Certaines productions sont issues d’entreprises soucieuses d’un développement durable. Un important travail a été accompli ces dernières années pour atténuer les impacts environnementaux des élevages de crevettes, pour faire en sorte que l’utilisation des produits chimiques et fongicides à action curative soit contrôlée avec soin, que les zones de mangrove ne soient pas détruites et que les zones précédemment endommagées soient replantées. Certaines régions développent cet élevage avec le souci de protéger l’écosystème naturel et de préserver les mangroves.

 

LA CONCHICULTURE

Moules, huîtres et autres coquillages sont cultivés selon des méthodes d’élevage extensif (à plat, surélevé, suspendu) adaptées aux différents types de milieux (lagune, estran, eau profonde) rencontrés le long du littoral. Les coquillages se nourrissent du plancton présent dans le milieu naturel. Ils n’ont pas besoin d’apports complémentaires d’aliments.

Les moules sont le plus souvent élevées sur des cordes suspendues sur des filières ou enroulées sur des pieux appelés bouchots. Les huîtres sont élevées dans des poches en mailles posées sur des tables le long des côtes. En Méditerranée, mer sans marée, elles sont exclusivement élevées sur des cordes en suspension.

Les jeunes moules et huîtres (appelées « naissain ») peuvent également être placées sur le fond marin, où on les laisse grandir. Elles sont ensuite récoltées à l’aide de dragues. Les naissains d’huître proviennent de plus en plus de production menée en écloserie.

 

IMPACTS SUR L'ENVIRONNEMENT

La conchyliculture dépend des conditions du milieu et sa production est le garant de la qualité des eaux du littoral. Son impact environnemental dépend des caractéristiques des sites d’exploitation (courant et profondeur) et de la densité des unités de production sur les concessions.

Cette activité peut néanmoins entraîner :

  • une accumulation de détritus et de sédiments en dessous des dispositifs en suspension 
  • l’introduction d’espèces étrangères dans l’environnement 
  • la perturbation des fonds marins dans le cas de récolte par drague

Des mesures sont mises en œuvre pour limiter les impacts de la conchyliculture :

  • la pratique d’élevage à faible densité 
  • une bonne gestion des sites en particulier sur milieu naturel sensible 
  • le contrôle rigoureux des maladies aux différentes étapes de production 
  • le contrôle des transferts d’animaux entre différentes zones d’élevage.

 

ELEVAGE DE CRUSTACES

L’élevage de crevettes se pratique principalement en zones tropicales et subtropicales, en bassin à terre ouvert.

Cet élevage se pratique dans des étangs ou dans des bassins d’eau salée ou saumâtre, en milieu marin et côtier. Les jeunes alevins nés en écloserie ou issus du milieu sauvage y grandissent.

IMPACTS SUR L'ENVIRONNEMENT

Ces techniques d’élevage peuvent entraîner 

  • des conséquences écologiques suite à la conversion d’écosystèmes naturels, en particulier la destruction des mangroves vitales aux écosystèmes tropicaux, pour la construction de bassins d’élevage 
  • la salinisation des eaux souterraines et des sols agricoles (liée à la baisse de la nappe phréatique) 
  • l’utilisation d’aliments produits à partir de poissons sauvages dans les rations alimentaires des élevages 
  • la pollution des eaux côtières, due aux effluents des bassins d’élevage 
  • dans certaines régions, des risques pour la biodiversité liés au prélèvement de larves sauvages dans le milieu naturel 
  • la dissémination de maladies
  • l’utilisation d’antibiotiques en phase de production larvaire. Des recherches sont en cours pour limiter ou supprimer cette pratiques
  • des conflits sociaux dans certaines régions côtières.

 

 

➜ ÉLEVAGE POUR EMBOUCHE

L’embouche est pratiquée essentiellement pour le thon rouge, espèce à fort intérêt commercial. Les individus sauvages sont capturés et transférés dans des cages pour y être engraissés. Ils sont nourris de grandes quantités de petits poissons pélagiques tels que les sardinelles, sardines et maquereaux.

Il faut environ 10 kg de petits poissons sauvages pour produire 1 kg de thon rouge en phase d’engraissement.

En Europe, l’embouche concerne également l’anguille, espèce pour laquelle le cycle de reproduction n’est pas maîtrisé en captivité.

 

ALIMENTATION DES POISSONS D'ELEVAGE

OMNIVORES ET CARNIVORES

Les régimes alimentaires des poissons d’élevage diffèrent d’une espèce à une autre. Certaines espèces, comme la carpe, le panga, le tilapia, ont un régime alimentaire omnivore. Les espèces traditionnellement élevées en Europe sont pour la plupart carnivores (truite, saumon, bar, daurade royale, turbot, maigre).

 

FARINE ET HUILE DE POISSON

L’alimentation destinée aux poissons carnivores comporte des farines et de l’huile de poisson produites à partir de petits poissons pélagiques sauvages (80 %) et des co-produits de la transformation des produits aquatiques (20 %). Les poissons sauvages utilisés pour la production de farine et d’huile, ont longtemps été considérés comme inépuisables (sprat, lançon, anchois…) en raison de leur forte capacité de reproduction.

Plus de la moitié de la farine et de l’huile de poisson produite dans le monde provient du Chili et du Pérou où sont installées des pêcheries dédiées à la capture des petits poissons pélagiques. Un problème éthique se pose puisque l’alimentation animale entre ici en concurrence avec l’alimentation humaine locale.

Du fait de la croissance exponentielle de l’aquaculture (la production a triplé au cours de ces 20 dernières années), la demande de farine et d’huile de poisson sauvage ne cesse d’augmenter. La pression exercée par l’accroissement de la demande en aliments pour l’aquaculture ne peut être assumée par les pêcheries minotières uniquement ; leur niveau de captures se stabilise cependant depuis quelques années

 

SOURCE VEGETALE

Les aliments des poissons carnivores sont désormais constitués également de produits d’origine végétale (en particulier du soja). La recherche d’ingrédients et de substituts d’origine végétale terrestre et marine pour l’aquaculture est devenue un enjeu mondial. Les sources alternatives de protéines ou lipides (insectes, levures, microalgues) se développant rapidement sont également très étudiées.

La qualité nutritionnelle du poisson repose sur sa teneur en acides gras. Pour chaque espèce élevée en aquaculture, il y a des équilibres à respecter en acides aminés essentiels et en acides gras polyinsaturés à longue chaîne (le poisson en étant la principale source pour l’alimentation humaine). Un apport insuffisant en acides gras polyinsaturés à longue chaîne peut détériorer la qualité nutritionnelle du poisson, ou entraîner une mauvaise croissance et une plus grande sensibilité aux agents pathogènes.

L’aquaculture fait l’objet de nombreuses recherches afin de garantir les qualités nutritionnelles et organoleptiques de la chair du poisson tout en préservant ses performances biologiques et sa santé.

 

Des progrès considérables ont été réalisés dans l’alimentation des poissons d’élevage. L’indice de conversion, c’est-à-dire le volume d’aliment nécessaire pour fabriquer 1 kg de poisson est inférieur à ce qu’il était il y a quelques années (pour exemple, dans le cas de la truite, l’indice était de 2,5 en 1985 et de 1,13 en 2007).

Toutefois, malgré ces progrès et même si des produits végétaux sont de plus en plus incorporés dans la ration des poissons d’élevage, l’élevage de poissons carnivores dépend encore en grande partie des captures de poissons sauvages.

 

Les algues sont utilisées comme ingrédients alimentaires. La production d’algues est un secteur en plein essor, en raison de l’augmentation de la demande alimentaire due notamment à l’émergence économique de certains pays asiatiques. Les algues font également l’objet de recherches scientifiques en vue de leur utilisation comme biocarburant, mais aussi en pharmacologie et en cosmétique.

 

LA PISCICULTURE

En France, la pisciculture est soumise à une réglementation environnementale stricte, imposant la réalisation d’une étude d’impact avant installation, ainsi qu’un suivi environnemental régulier afin de s’assurer que l’impact est acceptable et maîtrisé.

Le Guide de Bonnes Pratiques Sanitaires en élevages piscicoles réalisé par les professionnels émet des recommandations pour la réalisation des traitements vétérinaires afin de limiter les éventuels rejets.

Par ailleurs, le développement de la vaccination limite le recours aux traitements antibiotiques.

 

L’organisation internationale des farines et huiles de poisson (IFFO) a développé un standard de certification de la pêche minotière (IFFO Responsible Supply Standard) prenant en compte les bonnes pratiques en termes d’approvisionnement, de traçabilité, de transformation, d’utilisation des co-produits mais également des conditions sociales, environnementales et législatives de production des industriels fabricants de farines et huiles de poisson. Ces critères sont évalués par un organisme certificateur indépendant et l’information est disponible pour les professionnels (en B-to-B).