Dernière mise à jour : mai 2023
Grande pêche, petite pêche, pêche au large, pêche côtière, il existe différents types de pêche selon le poisson, le crustacé ou le mollusque recherché. Les espèces vivent dans une tranche d’eau précise (sur le fond, près du fond, en pleine eau ou en surface).
Les bateaux et les techniques de pêche sont adaptés à l’espèce recherchée, à son lieu de vie, à son comportement.
Les engins de pêche utilisés de nos jours par les pêcheurs professionnels permettent, par leur conception, de capturer les poissons, crustacés et mollusques avec efficacité. Ces engins font l’objet de recherches afin de mettre en œuvre des méthodes de pêche plus respectueuses de l’environnement, plus sélectives par rapport aux espèces visées (en limitant la capture d’espèces indésirables (prises accessoires), et plus sécurisées au niveau des conditions de travail des marins à bord.
RÉPARTITION DES ESPÈCES DANS LES MILIEUX PÉLAGIQUE, DÉMERSAL ET BENTHIQUE
DEUX CATEGORIES D'ENGINS DE PÊCHE
LES ENGINS DE PÊCHE ACTIFS
- Les engins traînants comme les chaluts de fond, les chaluts pélagiques ou les sennes de fond, sont des outils constitués d’un filet en forme de poche dans lequel les poissons sont capturés.
- Les filets tournants sont des engins permettant d’encercler les poissons pélagiques. On distingue la senne tournante (filet avec lequel on encercle le banc de poisson) non coulissante et la senne tournante coulissante. La coulisse assure la fermeture de la partie inférieure du filet par boursage.
- Les dragues sont des outils à armature métallique utilisés sur les fonds marins. La drague capture les animaux, y compris ceux qui sont enfouis à faible profondeur dans le sable. Elle est utilisée principalement pour la pêche des coquillages
LES ENGINS DE PÊCHE PASSIFS
- Les filets sont des outils verticaux dans lesquels les animaux viennent se prendre. Il existe deux types de filet : le filet maillant (ou filet droit) et le trémail (constitué de 3 couches de mailles).
- Les lignes et les palangres sont constituées de fils auxquels sont accrochés des hameçons (avec appât) ou des leurres. La palangre comprend une ligne principale (qui peut être de plus ou moins grande longueur) sur laquelle sont fixés de nombreux hameçons par l’intermédiaire d’avançons.
- Les pièges sont représentés principalement par les nasses et les casiers.
LES ENGINS DE PÊCHE ACTIFS
LES ENGINS TRAÎNANTS : LES CHALUTS
Le chalutier traîne un chalut (filet en forme d’entonnoir fermé). Il existe des chaluts remorqués par un seul navire, et d’autres tractés par deux chalutiers (en bœufs). Lorsque le chalut a été tracté pendant une durée suffisante, il est sorti de l’eau (« viré ») ; la poche contenant le poisson capturé est ensuite vidée sur le pont ou dans la cale du bateau. Deux chaluts peuvent aussi être tractés par un seul chalutier ; on parle dans ce cas de chaluts jumeaux.
Impacts potentiels des chaluts sur l’environnement :
- capture d’individus de trop petite taille appartenant aux espèces cibles
- capture d’organismes marins de petite taille et d’espèces non ciblées
- les animaux capturés au début du trait de chalut peuvent être écrasés dans le cul du chalut et ne plus être commercialisables (perte).
Impacts potentiels des chaluts en contact avec le fond marin :
- détérioration des fonds marins et destruction des habitats selon leur nature plus ou moins sensible
- dégradation et prélèvement d’organismes marins sédentaires tels que les algues et les coraux.
- Le chalut de fond
Le chalut de fond est couramment utilisé pour la pêche au large. Il capture l’ensemble des espèces présentes sur et à proximité du fond.
➜ Espèces cibles : cabillaud, lieu, églefin, merlan, poissons plats (chalut à panneaux et chalut tracté en bœufs) ; langoustine et crevette (double chalut/ chaluts jumeaux).
Certains efforts ont déjà été réalisés pour atténuer les impacts du chalut de fond sur l’environnement : la taille du maillage peut être augmentée ; des dispositifs sélectifs d’échappement des captures non désirées (panneaux en mailles carrées, grilles, nappes séparatrices…) sont utilisés ; la forme et l’ouverture du chalut peuvent être modifiées afin de limiter le nombre de captures de trop petite taille. Des matériaux plus légers peuvent être utilisés dans la fabrication des chaluts, les panneaux divergents qui permettent d’ouvrir le chalut horizontalement peuvent être optimisés pour limiter l’impact sur les fonds et économiser du carburant. Le « bourrelet », qui traîne sur le fond peut être doté de disques en caoutchouc afin de réduire son impact physique sur le fond et permettre à certaines espèces benthiques non ciblées d’échapper à la prise. La pêche au chalut de fond au-delà de 800 mètres de profondeur est interdite en Europe en raison de son impact sur les écosystèmes fragiles des grands fonds.
Les chaluts de fond chalutent environ 5 millions de km2 , soit 1,3 % de l’océan mondial. Cette perturbation du fond marin produit à terme des émissions de CO2 équivalentes à 15-20 % du CO2 atmosphérique absorbé par l’océan chaque année et est comparable aux estimations de la perte de carbone dans les sols terrestres causée par l’agriculture. (Source Sala et al., Nature 2021)
2. Le chalut pélagique
Le chalut pélagique est utilisé pour pêcher les espèces qui vivent en pleine eau.
➜ Espèces cibles : hareng, maquereau, bar, anchois, sardine…
Chalut pélagique et chalut de fond : l’électronique et les sondeurs permettent aux pêcheurs d’être plus précis dans les captures. Ils peuvent ainsi cibler plus précisément les bancs de poissons et éviter les prises accessoires. Ils peuvent également jouer sur la longueur des câbles ou sur la vitesse du navire. Les chaluts sont conçus en fonction des espèces ciblées et des lieux de pêche. Les poissons sont soit conditionnés dans des bacs avec de la glace en écailles et stockés en cale réfrigérée, soit conservés dans des cuves réfrigérées à l’eau de mer pour être ensuite transformés à terre, soit transformés et congelés en mer dans le cas de bateaux de pêche hauturière adaptés.
3. Le chalut à perche
Le chalutier tire un chalut de chaque côté du bateau. Ce chalut est fixé sur une armature rigide, la perche. Celle-ci maintient l’ouverture horizontale et verticale du chalut. Les chaluts sont lestés pour assurer le contact avec le fond. Les chaînes de l’engin remuent le sable devant le chalut, et soulèvent le poisson pour le capturer.
➜ Espèces cibles : poissons plats (tels que la plie, la sole), crevette grise… De nouvelles méthodes sont à l’essai et visent à réduire l’impact de la pêche au chalut à perche. Les nouvelles perches sont munies de roues et sont en forme de voilure hydrodynamique (à la place du tube en acier originel) afin de réduire les raclements sur le fond. Les mailles sont réorientées et favorisent ainsi la fuite des poissons non ciblés.
LES SENNES DE FOND DANOISE ET ECOSSAISE
Il s’agit d’engins proches du chalut de fond mais caractérisés par l’immersion de cordages de grande longueur (au moins 2,5 km de chaque côté) qui assurent le rabattage du poisson vers l’ouverture du filet. Le bateau tracte le filet à l’arrêt ou à plus faible vitesse qu’un chalut de fond. La différence entre les sennes danoise et écossaise réside dans le virage effectué sur un point fixe pour la senne danoise, à la seule force des treuils, alors que pour la senne écossaise, le virage se fait avec le navire en marche avant.
➜ Espèces cibles : démersales telles que le grondin, le rouget ou le mulet.
Impacts potentiels des sennes de fond sur l’environnement :
- capture d’individus de trop petite taille appartenant aux espèces cibles
- capture d’organismes marins de petite taille et d’espèces non ciblées
- détérioration des fonds marins et destruction des habitats selon leur nature plus ou moins sensible
- dégradation et prélèvement d’organismes marins sédentaires tels que les algues et les coraux.
Ces engins sont caractérisés par la qualité des poissons capturés et par leur faible consommation de carburant. Leur inconvénient principal est l’occupation d’un espace important lors de l’opération de pêche.
LES FILETS TOURNANTS : LES SENNES
1. La senne tournante non coulissante
La senne tournante non coulissante est constituée d’une nappe de filet de faible maillage mais de grande résistance, prolongée aux extrémités par des ailes. Ce type de filet, dont la poche centrale est en forme de cuillère, permet de retenir le poisson le temps que les deux ailes soient hissées simultanément à bord.
➜ Espèces cibles : sardine, anchois, thon…
2. La senne tournante coulissante
Elle est appelée « bolinche » sur la côte Atlantique. Les poissons sont encerclés par un filet, pouvant atteindre plusieurs centaines de mètres de long. La base du filet est fermée pour former une « poche » où les poissons sont capturés. Cette méthode permet de capturer de grandes quantités de poissons. La senne tournante coulissante est également utilisée pour capturer les thons rouges vivant en mer Méditerranée ; ils sont ensuite placés en cage d’engraissement (embouche). Dans l’océan Indien, les thons rouges capturés sont destinés à la congélation.
➜ Espèces cibles : thon, hareng, maquereau…
Impacts potentiels des sennes tournantes sur l’environnement :
- capture accidentelle d’espèces non ciblées, en particulier les mammifères marins, les tortues et les requins
- capture d’individus de trop petite taille appartenant aux espèces cibles.
Des observateurs scientifiques à bord des thoniers étudient différents moyens pour diminuer les prises accessoires (requins, dauphins…) : trappe d’échappement, répulsif acoustique ou remise à l’eau (guide de bonnes pratiques) pour augmenter les chances de survie des individus.
LES DRAGUES
Des filets en forme de poche sont fixés à une armature métallique en croisillons. La barre de traction peut comporter jusqu’à quatorze poches fixées. Deux barres peuvent être tractées derrière ou sur les côtés d’un bateau. Pour les coquillages posés sur le fond (coquilles Saint-Jacques), la barre de dragage est munie de dents métalliques qui ratissent le fond et font sortir les coquillages du sable ou du gravier. Pour les coquillages enfouis (praire, amande), la barre est équipée d’une lame formant un racloir.
Les coquillages sont capturés dans la poche. La drague est soulevée au palan puis vidée sur le pont.
➜ Espèces cibles : coquille Saint-Jacques, palourde, praire…
Impacts potentiels des dragues sur l’environnement :
- capture d’organismes marins de petite taille et d’espèces non ciblées ;
- le poids de l’engin entraîne un contact brutal avec le fond marin et la détérioration des fonds. Plus les dragues sont lourdes, plus l’impact sur le fond est important
- les dragues sont filées et virées au treuil. Elles sont assez dangereuses à utiliser en raison de leur poids et de la résistance qu’elles offrent en présence d’obstacles. Les plus récentes sont munies de ressorts.
Les efforts portent sur l’emploi de nouvelles dragues sans dents, qui réduisent l’impact de l’engin sur les fonds marins.
LES ENGINS DE PÊCHE PASSIFS
LES FILETS
1. Les filets maillants
Le filet est composé d’une couche (nappe) de mailles formant un rideau vertical rectangulaire déposé par le bateau de pêche. Les poissons sont pris dans les mailles au niveau de leurs ouïes. La taille des mailles est réglementée : les plus petits poissons peuvent passer au travers.
- Les filets calés sont posés sur le fond et sont maintenus verticalement dans l’eau grâce à des flotteurs et à du lest posé sur le fond. Ils peuvent mesurer plusieurs kilomètres de long et capturent des espèces benthiques ou démersales.
- Les filets dérivants (interdits en Europe) pendent comme un rideau depuis la surface ; ils permettent de pêcher des espèces de pleine eau. Les filets suivent les courants dominants.
2. Les filets trémails
C’est un filet constitué de trois nappes de mailles : une nappe interne, et deux nappes externes, d’un maillage plus grand. Le poisson est capturé soit par maillage dans la nappe interne ou par emmêlage dans les nappes externes.
➜ Espèces cibles : saumon, truite de mer, sole, merlu, baudroie... (filets calés). Hareng, thon, calmar, requin, espadon... (filets dérivants).
Impacts potentiels des filets sur l’environnement :
- capture et rejet en mer d’espèces non ciblées (dont des espèces menacées)
- prises accessoires de cétacés et ponctuellement de tortues marines
- perte d’engin entraînant une pêche fantôme (le matériel perdu continue à capturer des animaux).
Des réglementations nationales imposent de compter et de déclarer les filets et de ne pas les abandonner en mer (ils sont normalement relevés en moyenne entre 24h et 48h après avoir été posés). Les filets maillants dérivants (y compris trémails dérivants) sont interdits dans les eaux de l’Union européenne depuis 2002 en raison de prises accidentelles de mammifères marins.
LES LIGNES ET HAMECONS
1. Les lignes et cannes
La ligne traînante : le bateau traîne une ligne en pleine eau à laquelle sont fixés des hameçons munis d’appâts ou de leurres.
La pêche à la canne utilise des cannes manœuvrées manuellement ou mécaniquement, auxquelles sont fixés des hameçons munis d’appâts. Ces cannes permettent de pêcher des poissons attirés à la surface par des appâts ou par la lumière.
➜ Espèces cibles : thon, maquereau, saumon, bar…
Impacts potentiels des lignes et des hameçons sur l’environnement :
- ces techniques ont globalement un impact limité sur l’environnement sous réserve de respecter les règles de gestion en vigueur.
2. La palangre
Cette méthode consiste à fixer plusieurs hameçons munis d’appâts, le long d’une ligne maîtresse. Dans le cas de pêche au large, la ligne peut atteindre une longueur de 20 km et porter 12 000 hameçons, alors que les lignes utilisées près des côtes sont plus légères et portent jusqu’à 1 200 hameçons. Sardines ou calmars peuvent être utilisés comme appât sur les hameçons des palangres.
- Palangre calée : la ligne est posée sur le fond pour pêcher le bar, le merlu, le cabillaud, le mérou…
- Palangre dérivante : la ligne flotte en pleine eau pour pêcher en haute mer espadon, thon, requin...
Impacts potentiels de la palangre sur l’environnement :
- capture d’oiseaux de mer sur les hameçons
- capture d’espèces marines non ciblées dont des espèces menacées comme les requins et les tortues marines
- perte d’engin entraînant une pêche fantôme (le matériel perdu continue de capturer des animaux).
L’utilisation d’hameçons circulaires peut réduire la prise accidentelle de requins ou de tortues marines, et la mise en place des palangres durant la nuit peut réduire la capture d’oiseaux. L’utilisation de poids permet de faire plonger rapidement les palangres et l’utilisation de fils colorés claquant sur les lignes peut effrayer et éloigner les oiseaux.
LES PIEGES : CASIER ET NASSE
Les pièges sont principalement utilisés pour la capture des crustacés et mollusques qui vivent sur le fond. Casier ou nasse sont garnis d’un appât de poisson décongelé et sont déposés sur le fond marin. Ils sont laissés sur place pendant une période pouvant aller de quelques heures à quelques jours. Certains bateaux débarquent leurs prises tous les jours. D’autres conservent crustacés et mollusques dans des viviers à bord lorsqu’ils sont partis en mer pendant plusieurs semaines. Cette technique de pêche est sélective et permet de remettre à l’eau vivants les animaux qui doivent être rejetés.
➜ Espèces cibles : crabe, langouste, homard, poulpe, congre, anguille (nasse), thon rouge dans les madragues (nasse)…
Impacts potentiels des pièges sur l’environnement :
- le matériel perdu continue à capturer des animaux (pêche fantôme) ;
- ces techniques ont globalement un impact limité sur l’environnement sous réserve de respecter les règles de gestion en vigueur.
L’utilisation de trappes d’échappement évite de capturer des animaux de trop petite taille. Des systèmes existent également pour que les filets recouvrant les nasses s’ouvrent après quelques semaines d’immersion continue, en cas de perte.
LA PÊCHE A PIED
Le pêcheur à pied récolte les coquillages à marée basse directement sur le sol.
➜ Espèces cibles : coque, palourde, telline…
Impacts potentiels de la pêche à pied sur l’environnement :
- piétinement des herbiers
- dérangement d’oiseaux.
Cette technique de pêche est particulièrement respectueuse de l’environnement sous réserve de respecter les règles de gestion en vigueur (saison de pêche, quotas…).
LA PÊCHE EN PLONGEE
Le pêcheur-plongeur descend à quelques mètres de profondeur en apnée, bouteille ou scaphandre et ramasse chaque individu à la main.
➜ Espèces cibles : ormeau, araignée de mer, oursin…
Impacts potentiels de la pêche en plongée : cette technique de pêche est particulièrement respectueuse de l’environnement sous réserve de respecter les règles de gestion en vigueur (saison de pêche, quotas…).
LES OBJETS FLOTTANTS DERIVANTS
➜ Les objets flottants dérivants (ou DCP - dispositif de concentration de poissons), qu’ils soient naturels ou artificiels, ont un pouvoir concentrateur sur de nombreuses espèces pélagiques.
➜ Les pêcheurs exploitant les grands pélagiques déploient des radeaux pour attirer les poissons. Les DCP attirent tout un écosystème : à la fois les espèces ciblées (y compris les juvéniles) et des espèces non ciblées (requins, raies…). Au niveau mondial, les prises autour des DCP représentent plus de la moitié des captures mondiales de thons tropicaux. Dans l’océan Indien, ce taux est de 60 % pour la pêche à la senne. Ces objets de concentration entraînent un changement du comportement biologique des poissons et leur impact écologique n’est pas complètement identifié.
La sélectivité des techniques de pêche s’améliore au sein de l’Union européenne grâce à la recherche scientifique et à la collaboration des pêcheurs. L’obligation de débarquement de certaines espèces pour éviter les rejets, mise en place depuis 2015 (réforme de la PCP) incite les pêcheurs à développer et à utiliser des techniques plus sélectives. Les pêcheries opérant avec des outils plus sélectifs sont à privilégier, renseignez-vous auprès de votre fournisseur.