Dernière mise à jour : janvier 2022

Les ressources marines ne sont pas illimitées. Nous connaissons aujourd’hui leur grande fragilité face aux modifications de l’environnement et à la pression de la pêche. L’extraordinaire capacité naturelle des espèces marines à se renouveler peut être réduite, voire anéantie, dans le cas de pêches intensives. Plusieurs populations d’espèces marines se sont déjà effondrées sous l’effet d’une exploitation humaine trop intensive (cabillaud de Terre-Neuve, empereur de l’Atlantique Nord-Est...).
Ces 10 dernières années ont été marquées par la mobilisation, au niveau européen, des acteurs de la filière pour faire évoluer les pratiques (de pêche et d’approvisionnement), et par une réforme ambitieuse de la Politique Commune de la Pêche (PCP) en Europe, en termes environnemental. L’année 2020 devait être l’année où l’ensemble des stocks européens devaient être exploités à des niveaux durables (objectif PCP) et où le bon état écologique du milieu marin devait également être atteint (objectif de la DCSMM*).
Malheureusement, 43 % des stocks en Atlantique Nord-Est sont toujours surpêchés et le milieu marin n’a pas encore atteint le bon état écologique. L’amélioration des stocks d’Atlantique Nord-Est, observée depuis le début des années 2000, semble ralentir. En Méditerranée, la pression de pêche reste très élevée et deux fois supérieure au taux d’exploitation maximum pour une gestion durable de la pêcherie. 29 des 35 stocks évalués scientifiquement sont surexploités et la plupart des stocks sont non évalués.
Au niveau mondial, de nombreux enjeux demeurent : 34,2 % des stocks sont surexploités, des techniques de pêche fort impactantes sur les écosystèmes subsistent, des pratiques de pêche illégales perdurent... Beaucoup reste encore à faire pour le maintien de la biodiversité marine, la préservation des ressources et par conséquent, la pérennité des métiers qui en dépendent.
Pendant ce temps, poissons, mollusques et crustacés continuent d’avoir la faveur des consommateurs. Au cours des trois dernières décennies, leurs qualités nutritionnelles ont été abondamment et efficacement mises en avant. La production mondiale est passée de 40,5 millions de tonnes dans les années 60 à plus de 170 millions de tonnes aujourd’hui. Comment répondre à la fois à la forte demande en protéines aquatiques de qualité et à la nécessité de préserver la faune halieutique et d’encourager les pratiques durables ? Quelles espèces choisir ?

DONNÉES SCIENTIFIQUES
L’univers sous-marin recèle encore bien des mystères, même pour ceux qui l’exploitent quotidiennement. Quel est l’impact de la technique de pêche que pratiquent certains sur les paysages marins et les écosystèmes ? Quels sont les effets du prélèvement d’une grande quantité de juvéniles ou de reproducteurs sur une population de poissons ? La connaissance de cet univers mystérieux est imparfaite. Les scientifiques, pas plus que les pêcheurs, n’ont de certitudes sur leurs évaluations des stocks car la recherche est un processus continu d’amélioration de méthodes et de mesures d’interprétation (l’échantillonnage est-il satisfaisant ? Faut-il se fier aux données de marquage plus qu’aux données de captures ?). Cependant, les éléments objectifs sur l’état de nombreux stocks de poissons ne font pas défaut. Depuis un demi-siècle, les scientifiques (biologistes, halieutes et statisticiens) observent, comptent, mesurent et analysent ce qui est, parfois ce qui a été, et avec prudence ce qui sera.

Les espèces à forte valeur marchande ainsi que celles qui sont sujettes à une limitation réglementaire des prélèvements (TAC – Total Admissible de Captures – et quota) font l’objet d’études approfondies récurrentes.
Cependant, 12 % des captures françaises correspondent à des stocks mal connus car non suivis scientifiquement. Ainsi leur exploitation pose des incertitudes en termes de durabilité.