Dernière mise à jour : juillet 2022

Jean-Marie Pédron
Cueilleur d’algues aux Jardins de la Mer (Ferme marine du Croisic, Loire Atlantique).
« Comme toutes les ressources naturelles, les algues sont de plus en plus exploitées. Il faut donc garder la même vigilance que pour le poisson. La pédagogie et la sensibilisation sont primordiales. »
Jean-Marie perpétue, avec son épouse Valérie, une tradition familiale héritée de son père, dernier paludier du Croisic et l’un des tout premiers à s’être lancé dès 1968 dans l’aventure de l’aquaculture marine. Une manière pour ce couple de passionnés de concilier économie et écologie, sur cette jolie presqu’île de Bretagne Sud.
« Ici, en presqu’île guérandaise, la ressource est de qualité mais limitée sur certaines espèces comme la dulse (Palmaria palmata). Du coup, si nous voulons que notre activité soit durable, nous devons être très rigoureux dans nos pratiques pour permettre à cette ressource de se renouveler naturellement. Concrètement, nous cueillons toujours aux ciseaux, de manière raisonnée et en respectant évidemment la saisonnalité. Les algues récoltées doivent être encore accrochées aux rochers et nous suivons la règle du 1/3, 1/3, 1/3 : un tiers est ramassé pour notre activité, un tiers est laissé pour le renouvellement de la ressource et le dernier tiers est laissé pour les habitants et consommateurs naturels des algues, les bigorneaux notamment. Même si nous sommes tenus de transmettre chaque mois à l’Administration un état précis de nos pêches, il est dommage qu’il n’y ait pas plus de suivi scientifique sur les algues. Cela permettrait de connaître l’état du stock en temps réel et de pouvoir tirer le signal d’alarme si nécessaire. »
L’entreprise est régulièrement sollicitée par les enseignants ou le grand public, désireux d’en savoir plus sur cet univers encore assez méconnu. Elle propose des sorties sur l’estran, des ateliers de découverte à la ferme mais aussi des cours de cuisine. Véritable laboratoire de terrain niché au cœur d’une ancienne saline de 7 ha, la ferme collabore également depuis une dizaine d’années à divers programmes de recherche conduits en partenariat avec la faculté des Sciences de Nantes.
« Si nous prenons le temps de partager nos connaissances sur les algues, c’est aussi dans le but de transmettre les bonnes pratiques. Comme toutes les ressources naturelles, les algues sont de plus en plus exploitées. Il faut donc garder la même vigilance que pour le poisson. La pédagogie et la sensibilisation sont primordiales. »
Les algues des Jardins de la Mer sont commercialisées fraîches ou transformées à l’exemple de la recette familiale de caviar, désormais reconnue par des grands noms de la cuisine française, et commercialisées via des circuits courts comme le marché couvert du Croisic, les AMAP (Association pour le Maintien d’une Agriculture Paysanne) de la région nantaise ou sur des salons de producteurs.
« L’engouement du grand public et des chefs pour les algues est en progression depuis plusieurs années, un phénomène qui s’explique par des saveurs et des qualités nutritionnelles vraiment étonnantes ! En même temps, il y a aussi un vrai retour vers le végétal. En clair, nous nous dirigeons sûrement vers une alimentation plus saine et donc moins carnée ce qui est une bonne chose. »